7 juin 2007

En longeant la frontière Grecque

JEUDI 7 JUIN

KORCA-PERMET
à vélo 142kms  7h45

Dès le matin le beau temps est là.La route serpente sur ce haut plateau .


Là aussi des stèles funéraires et des petits tas de cailloux .Serait-ce aussi l'influence du Kanun plutôt typique du nord?

Au km 25 franchissement d’un col hérissé de bunkers.L'Albanie en est remplie et certaines zones sensibles sont hérissées de pointes métalliques qui auraient servi en cas de parachutages de troupes de l'Otan ou du pacte de Varsovie .Certains bunker servent maintenant d'habitations.


Un peu avant Erseka je commence à rencontrer des cavaliers assis en amazone sur leur âne.
J’ai envie de les photographier et ce sera le prochain.Dans un virage bordé d’arbres apparaît un homme assis sur un petit cheval blanc.Je suis aveuglé par le soleil de face.
Le cheval, surpris de voir un tel équipage se cabre et l’homme de 60 ans chute à terre suspendu à la longe.De peur que le cheval le piétine je m’immobilise.Sans m’adresser un regard l’homme se relève et passe le virage à pied ,sa monture se cachant derrière lui….tel le cheval d’Alexandre le Grand qui avait peur de son ombre.
Au km50 Erseka bourgade sympathique et propre .
Au delà , la route est médiocre et très peu fréquentée.


Une église orthodoxe .En Albanie les cultes catholiques,musulmans et orthodoxes coexistent sans problème au sein d'une mème famille.
Vers midi ,à la sortie du dernier village je suis passé devant une école dont une vingtaine d’enfants étaient en récréation surveillés par deux institutrices cinquantenaires.
Mis à part le bâtiment caractéristique du régime communiste,je me croirais dans la France profonde.
L’envie de parler avec elles m’est venue mais je n’ai pas trouvé l’entrée en matière et je le regrette.Ces femmes ont peut ètre été des jeunes pionnières sous le régime communiste.
Peut être auraient-elles accepté que je photographie la classe,peut-être parlaient-elles français.
J,aborde maintenant un tronçon d’une quarantaine de kms pratiquement sans villages.
La route s’insinue dans des contrées arides et désertiques qui évoquent l'Anatolie.
M’attendant à renconter des chiens ,je passe autour du cou le sifflet ultrasons ,arme soi-disant redoutable contre les attaques de chiens de Kangal.Ma route solitaire s’engage dans un paysage  de gorges arides et de plateaux.Au détour d’un virage un immense troupeau de brebis apparaît en contrebas gardé par 2 bergers.Les chiens ne m’ont pas vus.
Je ne suis pas sûr que les bergers rappellent leurs chiens dans ce cas.
Je n’ai pas fini de redouter ces molosses à la réputation terrifiante car les troupeaux son nombreux.Vers 13h la route se dégrade un peu plus et avec l’arrivée de nuages noirs le moral en prend un coup.D’un village promontoire je découvre la vaste dépression où sinue la route que je vais emprunter .


Derrière ces crètes c’est la Grèce.Je photographie une caravane lourdement chargée.


Au bout de cette vallée m’attend une raide montée ;avant de m’y lancer je m’accorde un peu de temps pour manger assis sur une murette.Une troupe de collégiens garçons et filles descend d’un bus scolaire et doit continuer à pied.En les doublant je leur dis quelques mots en Albanais ,surpris ils me demandent « inglese »-« jo francese ».
C’est le bout du monde ici et le temps semble d’ètre arrèté au 19ème siècle.
La carte ne m’apprend rien.Il n’y a qu’une route à suivre sur des kms.Je vais effectuer un interminable parcours en forèt.Surprise ,dans un virage un bar restaurant où sont attablés quelques consommateurs en terrasse ainsi que 4 gardes du parc national..Je commande un café turka.
La forêt ,maintenant  fait places à de vastes alpages bordés de sapins.Deux bus de lycéens passent la journée dans ce cadre bucolique.Puis c’est une longue descente sur Leskovik grosse bourgade avec des immeubles tristes que je connais bien maintenant.Mon compteur affiche 100kms.Tout droit c’est la frontière grecque.
Je tourne à droite vers Permët .La route est peu engageante ,en mauvais état mais il y a des tronçons de bon.C’est une route très haute montagne dominée par des parois calcaires où des névés s’attardent.La route,tracée à flanc de montagne domine par endroits un superbe canyon.En 15kms de descente depuis Leskovik je rejoins Carshove.Il fait plus chaud car de 1100m je suis passé à 300m .Sur la route internationale à l'asphalte impeccable que j’ai rejoins il n’y a guère plus de circulation.Dans l’ensemble cette route continue à descendre mais il y a de courtes et raides montées pour franchir des épaulements où sont installés des villages.Je croise des petits ânes qui avancent dissimulés sous une meule de foin.Dans une descente j’arrive trop vite sur une rigole perpendiculaire et çà tape un grand coup.Je pense avoir cassé mon vélo.Après l’inventaire des dégâts il n’y a qu’une sacoche pendante .L’un des deux crochets s’est cassé.
En une demie-heure je vais faire une réparation de fortune avec du fil de fer et je consolide avec une vis .Un Albanais en pickup s’arrète et par son fils de 12 ans qui parle anglais me propose de mettre mon  vélo à l’arrière et de m’amener à Permët où il tient un hotel.Je lui dis que c’est ok pour l’hotel mais il fait beau ,la route est belle et je continue à vélo.
Un peu plus loin le conducteur d’une Mercedès me fait signe de m’arrêter. « Sie sind Deutsch ?-Nein Franzose" .Je pose le vélo; sa femme et lui descendent de voiture pour m’offrir une bière sortie fraiche du coffre réfrigéré.Dzemal et Claudia me posent plein de questions sur mon voyage.Ils sont très sympas ,nous échangeons les courriels et avec le retardateur je prends une photo de nous trois.


Quand je reprends le vélo passe une vieille femme assise sur un âne.Alors que je la prends en photo elle se retourne et avec un sourire  elle me fait signe de l'index« toi tu es un coquin »


L’hotel est bien plus loin que je ne pensais et j arrive à Permët à 18h30 au terme d’une étape de 142kms.
L’hotelier Albanais m’attend devant son établissement qui est nickel .Je suis le seul client.
La nuit est à 1000leks(8 euros) et je prends le repas et le petit dej.Dans la chambre il y a une balance .Je pèse 64 kgs ,contre 73kgs au départ .La masse graisseuse des cuisses a disparu.Pourtant après cette longue étape ,je ne me sens pas fatigué.






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