31 mai 2007

Vers les Alpes Albanaises

JEUDI 31 MAI
KOMANI VALBONNA
50kms 5h00

A 9h00 le barman au visage ingrat et triste vient nous demander de le régler et nous informe que le « tragetto » est arrivé .

Tandis que nous rangeons il reste planté au milieu de la chambre à observer nos affaires .Je me dis qu’un de ses copains pourrait nous attendre sur la route un peu plus loin et j’apprécie d’ètre accompagné.
La traversée coute 700 leks pour 2 heures de traversée soit 5,60euros .



Je suis soulagé de quitter cet embarcadère du bout du monde.


Le soleil donne fort et le ferry s’insinue dans cette sorte de fjord.

 Les passagers sont essentiellement issus de la diaspora Albanaise.


Maintenant les parois sont hautes et la gorge se rétrécit.


Sur une berge en pente douce on peut voir des habitations et des champs cultivés mais ni route ni chemin.



Dans un environnement moins abrupt,l’arrivée s’annonce mais il n’y a pas de débarcadère ;seulement un talus aménagé et c’est par là que passeront voitures ,car et camions.


Le haut d'un bus soudé sur un bateau et cela devient ....un ferry Albanais


                                                    Les Tchèques à l'abordage



                                          Welcome to Troppoja’indique un panneau.



                                                     Sur la piste de Troppoja
A Fierze qui veut dire fraise en Albanais ,il n’y a pas de place de village.Les maisons éparses sont constuites sans ordre précis.


La pharmacienne à la mine sévère attend les clients sur le seuil de son officine.
Slavo photographie des collègiens accourus à notre rencontre.Des hommes jeunes et blonds nous observent à la dérobée l'air sombre.Nous achetons des byreks,du pain ,de l’eau et prenons l’unique route qui mène vers Bajram-Curry
Bientôt nos chemins vont se séparer et je suis triste de quitter mes compagnons d’un jour qui se dirigent vers la proche frontière du Kosovo.Mais nous nous promettons de nous revoir et..nous allons nous revoir.
Nous nous arrètons prendre un dernier verre dans un café isolé .Parlant de Valbonna le patron nous dit :
« No problem,segurri,(pas de probème de sécurité)Sali Berisha(c’est le premier ministre)a fait ce qu’il fallait.Il est d’ailleurs originaire de Bajram Curry.(prononcer bailleramchouri)
Cette ville est déprimante et rappelle St Denis du 93 ou le Mirail à Toulouse et je n’ai pas envie d’y dormir bien que le petit futé indique un hotel d’état.
Elle a été essentiellement construite sous le régime communiste.Les hautes montagnes sont toutes proches ;l'hiver il y fait froid et on entend hurler les loups.
C'est ici qu'il y a eu le plus de morts d'Albanie pendant les émeutes de 97.Les Tchèques m'ont dit que deux de leurs compatriotes ont disparu dans cette région.
Quand elle se déplace ici l'ambassade de France se fait accompagner par une garde rapprochée et son site indique que c'est une zone de non droit.
Je m’arrète dans la rue principale pour acheter du ravito pour 2 jours .Aux regards que porte sur moi une assistance nombreuse d’hommes désoeuvrés je peux voir que les cyclotouristes s'aventurent rarement jusqu'ici.


Je ne m’éternise pas et me dis que peut ètre un peu plus loin quelqu’un m’attendra au détour d’un virage.La rue se transforme en un mauvais chemin de pierre avec des ornières profondes.

                                                               La Valbonna

Après un détour par un village le chemin s’engage définitivement dans la gorge sur 25kms.Il est 17h30 et le ciel s’est assombrit.Plus âme qui vive,seulement le bruit du torrent opale qui coule en contrebas.La pente est en moyenne à 9 et 10%.




J’entends longtemps à l’avance arriver les 4x4 ou les Mercedes qui me klaxonnent en passant et on se salue.
Je traverse quelques hameaux où de jeunes enfants accourent à mon avance sous le regard d’adultes qui répondent en souriant à mon salut »mirdrita ».J’ai l’impression d’ètre la caravane du tour de France à moi tout seul.Pourtant ces enfants ne réclament rien .J’ai emporté des stylos et des ballons pour offrir ;j’attends une situation plus appropriée pensant qu’il n’est pas souhaitable de susciter le dévellopement de la mendicité telle qu’on la connaît au Maroc.J’ai été surpris un peu plus tôt quand l’un des 2 enfants venus à mon avance a sorti un téléphone portable pour me prendre en photo.En retour je les ai photographiés aussi .L'Albanie est bien un pays de contraste.
 A 19h30 alors que je pense n’ètre plus très loin du village de Valbonna la pluie glaciale arrive.Je suis à près de 1000m d’altitude et des versants enneigés apparaissent .



Près du torrent il y a une ligne électrique dont les poteaux on été sectionnés .Sabotage sans doute.
Dans cette haute vallée vivent certains descendants d’une ethnie venue d’Europe de l’est lors des invasions.Je me demande à quoi ils vont ressembler.



Le chemin est devenu un véritable lac où je dois louvoyer.La nuit commence à tomber quand les premières maisons apparaissent plantées au milieu d’un plateau au fin gazon.
Certaines sont éventrées dirait-on par un tir d’artillerie et me font penser que Valbonna a du vivre des moments dramatiques.J’ai froid , je suis trempé et j’ai du mettre le pied à terre dans une profonde flaque d’eau .Voici la fin des habitations et je comprends que le village est en habitat dispersé ,je ne risquais pas de trouver le bourg.


Revenu en arrière je m’adresse à un jeune Albanais qui a une queue de cheval .
J’essaie le mot chambre, en Albanais ,il ne comprend pas ,puis en italien ;il réfléchit et me demande :dormiré ?
-Si !
-Viene!.
Il m'accompagne à la maison voisine , me présente à ses occupants et après s’ètre déchaussé me conduit à l’étage .Il y a une chambre au sol recouvert d’un tapis avec un lit et un poèle.Il n’y a pas de lumière électrique et mon hote allume des bougies.De retour en bas je demande le prix :700 leks soit 5 euros.Je découvre que les habitants ont allumé un feu dans le cabanon en bois attenant pour le voyageur mouillé que je suis. Il y a une cheminée et des banquettes et une cuisinière en fonte ,c’est apparemment la pièce à vivre.



En italien je demande s’il est possible de manger.-Oui que veux tu manger ?Une soupe ?Oui c’est possible .
La jeune fille s’affaire au fourneau .On me fait asseoir sur un tabouret qui sert à traire les vaches.Et je suis le plus heureux des hommes quand réchauffé, on m’apporte ma troisième assiette de soupe .J'aurai ensuite une salade de tomates accompagnée de fèta locale.
Assis sur les banquettes au coin du feu mes hotes me regardent manger



Dans le regard malicieux de l’aieule je sens l’envie de questionner cet étrange étranger.
Le jeune Albanais fait office de traducteur.
Dove viene ?
–De Francia
-A biciclette ?
-Si."
 Stupéfaction,incrédulité,serait-ce un mythomane ?ou plus simplement un fou?
J’explique que je suis parti de Nizza(Nice) à vélo , que je viens à Valbonna pour la montagne et je demande combien de temps on met pour aller au village de Thèt par le col de Valbonna et revenir-
-10heures.
Il n’existe pas de cartes ni de topos guides et je demande si quelqu’un peut m’accompagner –Oui, lui me répond mon interprète me désignant un grand gaillard de 30 ans,à quelle heure veux tu partir ?-Demain à 6heures.
Je me sens en confiance dans cette famille et comblé par cette fin de journée je m’endors aussitôt dans mon duvet.
















30 mai 2007

De Shkoder au lac de Komani

MERCREDI 30 MAI


A 5h30 le temps est beau et je m’élance à vélo sur l’avenue de Tirane qui aux confins de la ville se transforme en une étroite route avec trous et déformations.
Il n’y a pas de panneaux et je dois me faire confirmer plusieurs fois la direction .
Peu de circulation mais des hommes qui se rendent au travail.J’atteins le plan d’eau entrevu en train et à E Vau je m’arrète dans la grande rue pour un délicieux café dans la salle spatieuse d’un restaurant.Les clients me regardent intrigués.Après une courte montée le panneau Komani me rassure définitivement.Sur cette route solitaire à l’asphalte correcte passent une Mercedès ou un minibus toutes les demies heures .Deux chiens sortent d’une maison isolée et me poursuivent en aboyant ,j’accélère et à 35km/h je les sème mais je suis conscient qu’il n'en sera pas toujours ainsi car en Albanie visiblement les chiens sont en liberté.

Le ciel bleu a laissé la place à des nuages noirs et la pluie s’abat sur la plaine


Au détour d’un virage je découvre 2 cyclotouristes occupés à mettre une bâche sur leurs bagages en prévision de l’averse imminente. Pavel et Slavo sont des Tchèques et Slovaques trentenaires.Brève discussion et nous continuons ensemble sous la pluie.Ils sont très sympas et nous faisons quelques haltes photos mais ils s’arrètent très souvent , le temps passe et le lac est toujours aussi loin et les raides côtes se succèdent.
Le kilométrage de la carte Freytag et Berndt est faux et j’ai dépassé depuis longtemps les 21kms annoncés depuis Shkoder. Je suis maintenant seul devant.
Au village de Komani un homme à qui je demande la direction du lac me dit de me dépècher pour prendre le ferry.Après une raide montée le tunnel est là ;à droite un policier dans sa guérite me dit ‘two minutes. Pas de lumière dans le tunnel et je dois chercher ma frontale au fond d’une sacoche mais elle ne me permet pas d’y voir et je trébuche contre les parois.Le policier me voyant embarassé ,m'a rejoint et une main sur mon épaule me guide me rassurant régulièrement « no problem,no problem ».Mais comment fait il pour se diriger?Je le remercierai chaleureusement.
Après 2 ou 300mètres une clarté annonce la sortie et c’est là que je vois le ferry de la journée ...s’éloigner définitivement.
Sur le quai des hommes jeunes au visage peu avenants me demandent si je suis seul,je leur explique que 2 autres cyclotouristes vont arriver
L’un d’eux ,plus agé parle italien .Il me dit que l’un de ces hommes peut nous emmener avec un petit bateau pour 70 euros.Je ne connais pas le tarif du ferry mais cela est excessif même à 3 .
Pavel et Slavo arrivent et je leur explique qu’il faut négocier et prendre le temps. ‘Wait and see’


Nous allons boire un café dans le proche bar situé sur le quai.Nous surplombons le barrage construit par des français dans les années 55

Les baraquements de chantiers de l’époque ont été aménagés sommairement pour faire un bar,un refuge et une épicerie laquelle ouvre quand arrive le ferry car c’est bien là que passe en grande partie le trafic vers le nord est de l’Albanie et il y a une frontière avec le Kosovo et c'est là que se dirigent mes coéquipiers d'un jour. Pour l'instant ils étudient la carte avec les Albanais.


L’homme parlant Italien me fait signe de le suivre avec l’appareil photo.Par une étroite sente longeant la paroi nous arrivons à un haut porche ;me désignant une statue il me dit ‘la signora de Lourdes’ :surprenant en ce bout du monde!!!
 Le prix est descendu à 60 euros , nous refusons.Le barman nous propose de dormir au refuge pour 5 euros.Nous repassons le tunnel qui maintenant est éclairé mais à la sortie il pleut et à l’abri nous nous installons pour manger et dans l’insouciance du temps qui s'est arrèté , nous avisons.



 
Pourtant je réalise que je viens de perdre une autre journée.Plus aucune voiture ne passe .Un fourgon s arrète,il s’agit d’un prètre en civil ,sympathique qui conduit des jeunes au sanctuaire.



Une heure plus tard ,le temps restant pluvieux nous repassons le tunnel pour nous intaller tous les trois dans la chambre sommaire que nous loue le bar.
Pour tuer le temps nous buvons de la‘birra Tirana’
Slavo et Pavel sont des joyeux compagnons et je passerai avec eux une merveilleuse journée utilisant mes rudiments d’anglais au maximum.Pavel est ingénieur à Prague et Slavo juriste au ministère de la défense à Bratislava.









29 mai 2007

De Tirana à Shkoder en train




MARDI 29 MAI

Réveillé à 2h du matin ,je ne sais plus où je suis :chez l’habitant, sous la tente ,en camping,en camping sauvage,à l’hotel,et  je me rendors.
A 4h45 je me réveille avec une heure de retard ;branle bas de combat.1/4 d’heure après je suis à la réception.
L’hotel est fermé.J’appelle. 5 longues mn plus tard le veilleur de nuit arrive, hébèté.
Le jour se lève.Il m’aide à installer mes sacoches.
Je dois absolument faire un retrait bancaire.Il me reste 5 minutes pour rejoindre l’arrèt de minibus avant le départ et je n’y arriverai pas
Une belle journée s’annonce et c’est bonheur de rouler à vélo dans Tirane déserte .La musique de « Paris s’éveille » s’invite dans ma tète.
Je rejoins l’arrèt des bus sur la route de Durrès pour trouver celui qui va à Shkoder.
Un chauffeur me montre le bus de Komani qui passe ;il est complet ,donc pas de regrets.
Je vais finalement prendre le train comme je le souhaitais mais cela fait maintenant 2 jours de retard dans mon programme.
A 6h je découvre un autre visage de Tirane ,celui des employés et des ouvriers bien mis qui partent travailler et qui me comprennent et me renseignent volontiers.
Je n’aurais pas pu ètre là sous le régime communiste et tous ces ouvriers Albanais de 50 ans et plus que je vois étaient aussi les acteurs de l’ancien régime partie prenante ou non.
16 ans déjà,16 ans seulement.
Les terrasses des cafés sont déjà occupées ,il fait frais après l’orage de la nuit .
Je m’achète un énorme byrek mais je laisserai la viande hachée qu’il contient me rappellant les conseils de Zalo qui m’a dit « on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans »
Pour 200 leks (1,60euro) j’achète mon billet de chemin de fer pour Shkoder distant de 100kms.
J’avise la chef de train pour savoir dans quel wagon charger mon vélo.
Elle me fait un signe négatif de la tète .J’insiste , pensant que le vélo dans le train c’est toujours la galère.

Elle parle avec le conducteur et ils m’indiquent le dernier wagon .J’avais oublié qu’en Albanais le signe négatif de la tète veut dire « po »(oui) mais cette particularité est en train de se perdre.
Je vais payer 100 leks de supplément pour le vélo que je loge dans les wc dont la cuvette donne directement sur la voie.
Dans la banlieue de Tirane le train klaxonne en permanence .Il avance à 30 km/h en brinquebalant et faisant des craquements de ferraille.Certaines vitres sont cassées et au passage dans les frondaisons des branches s’attardent dans le wagon.
Je parle avec un jeune policier qui voyage avec son vtt .Sa veste est suspendue à un cintre.
Entre les stations la chef de train installe des journaux sur la banquette et pique un roupillon.


                                                         Arrèt à une gare
Dans la plaine le train roule à peine plus vite en faisant des bang bang permanents.Sur la droite les premiers contreforts des montagnes son tout proches.Des parcelles de culures à la géomérie rigoureuse rappellent l’organisation de l’ancien régime.



                                                                 Une gare
Les gares se succèdent,batiments cubiques de petite taille sans déco dont les alentours sont à l’abandon mais il y a affluence.Des complexes industriels conséquents sont abandonnés.
En quittant le train arrivé au terminus je salue la chef de train et le policier d’un »Miropafshim » (aurevoir en Albanais que je viens d'apprendre.)Leur visage s’éclaire d’un sourire surpris et sincère.


L'officine du dentiste
La gare de Shkoder est  imposante et son activité devait ètre importante sous le régime communiste mais la sortie sur l’avenue de la gare est déroutante ;à la place de l’asphalte un lit de cailloux.Par la tv régionale je verrai le soir qu’elle va ètre goudronnée.
Je m’installe à l’hotel Kaduku où je suis acueilli en français par le patron .





Il m’explique qu’il a réussi tardivement et que sous le régime communiste il habitait avec ses parents et ses 4 frères et sœurs dans une unique pièce.Voyant mon vélo il me dit que à 20 ans il avait pensé faire des courses cyclistes pour …s’enfuir de l’Albanie.
J’ai une chambre à 2 lits pour 10 euros que je devrai partager si quelqu’un arrive .

                                                        La mosquée de Shkoder
La pauvreté est plus affirmée qu’à Tirane De nombreuses carrioles à cheval se partagent le centre ville avec des Mercedès.Je circule à vélo à la recherche de l’exposition de photo Marubi mais elle est ouverte seulement le matin.La mosquée flambant neuve construite grâce à une forte contribution de l’Arabie séoudite contraste avec l’indigence de la ville.

Je veux photographier les rues mais redoute une réticence de la population.

A un groupe d’hommes quinquagénaires venus s’enquérir de ma provenance je demande de me prendre en photo.L’un d’eux désignant la rue me fait signe de prendre quelquechose de plus joli .J’insiste pour garder une image de cette grande rue où de vastes flaques de boue cotoient des immeubles dégradés coiffés d’antennes paraboliques.
Les Albanais sortent de bonne heure du travail et les terrases des cafés sont remplies.Ici aussi les banques allemandes sont bien implantées

                                                 

                                                     Shkoder patrie de mère Térésa

Je dine à l’hotel pour 800 leks (6 euros) .Je bavarde avec la patronne qui parle italien.Elle vient s’asseoir à ma table pour lire le « Petit futé » ;elle m’explique qu’elle a appris l’italien et le yougoslave sous le régime communiste par les radios des pays voisins.
Pendant les émeutes de 97 leur hotel a été attaqué par des hommes cagoulés et armés.Si la situation est stable actuellement on peut imaginer que ces évènements pourraient revenir.
Je lui explique que demain je pars vers Troppoja .Elle me dit que c’est sans danger et que en 2006 une randonneuse anglaise seule a fait l’aller retour à pieds sans ennuis.
Je quitte la salle en adressant un ‘miropafshim’.En français la patronne me répond’ Bon voyage’
Avec le soir le mauvais temps est revenu.

Je m’endors avec le bruit de la pluie qui crépite dehors.


28 mai 2007

TIRANA

Lundi 28 mai

TIRANA
Au point internet situé en face de mon hotel je passe une bonne partie de la journée à mettre à jour mon blog(partie Italie) à raison de 1euro de l’heure.


Musée ethnographique .Si la fresque communiste a été conservée ,plusieurs salles sont consacrées aux méfaits du régime dictatorial.
L'ambassade de France est située dans une rue fermée à la circulation et gardée par des policiers à chaque entrée.C’est la première fois que je pénètre dans une ambassade.
Zalo. m’accompagne en ville pour me montrer  d’où partent les bus pour Komani.
Des trombes d’eau s’abattent sur Tirana et le 4x4 en cahotant se fraie un chemin parmi les lacs qui se forment sur les rues terreuses.
L’hotel Alpina accepte de garder 2 de mes sacoches jusqu’à mon retour .
Ainsi délesté je pourrai parcourir plus aisément les difficiles routes d’Albanie .
Demain à 5h je dois prendre le minibus qui va directement au lac de Komani dans la partie nord de l'Albanie.
Ce soir je suis retourné me promener vers l’arrèt du bus mais dans les rue faiblement éclairées je n’ai pas su retrouver .


Place Skanderberg by night

27 mai 2007

TIRANA

TIRANA



Dimanche 27 mai
Jour de repos ,bienvenu après le parcours montagneux de l Italie .J ai atteint un poids minimum record ,-9kgs.
Je vais donc soigner mon alimentation pour récupérer avant de pédaler sur les routes d Albanie .Ayant trouvé une cabine téléphonique qui fonctionne je peux donner de mes nouvelles en France.Après avoir acheté des fruits sur le marché je vais m installer dans un petit restau.
Le guide Français/Albanais à la main j entreprends d expliquer au patron que je souhaite manger Albanais .
J aurai du poisson et une salade et un verre de vin.Le patron s installe à ma table et fait signe à sa femme de nous apporter 2 petits verres de raki et nous trinquons en bavardant
Il m envoie ses 2 filles qui parlent italien et anglais .Je suis avide d apprendre des choses sur l Albanie et elles ravies de parler à l étranger.
L 'ainée a 19 ans .Elle a publié un recueil de poèmes et est passé plusieurs fois à la tv.
Elle m offrira un recueil de ses poésies avant de me quitter.
A 19h je retrouve Zalo. qui est accompagné de l attaché de défense à l ambassade de France ,qui m offre la « birra » de bienvenue.
Ils sont sceptiques sur mon excursion dans le nord qu’ils considèrent comme une zone de non droit.Lors des émeutes de 1997 ,c’est à Bajram Curry qu’il y eut le plus de morts de l Albanie.
En redescendant du nord je souhaite rejoindre la frontière de Macédoine où je dois retrouver Jean François ,un Bruxellois pour effectuer l ascencion du Golem Korab ,point culminant de l Albanie.
Je me renseigne sur la route de Bajram Curry à Peshkopi.
C est un chemin avec de nombreux embranchements sans signalisation et personne pour renseigner.L’ambassadeur (qui est une femme) y est passée récemment précédée par une voiture de police Albanaise.
Sans carte je n ai aucune chance Je sais aussi que c est là que se situe le cadre du roman « Avril brisé » de Ismail Kadaré donc sur le territoire du Kanun dont je parlerai plus loin.
Je renonce à cette route mais je confirme que je ne renonce pas à aller à Troppoja zone située à l’extrème nord entre la frontière du Monténégro et du Kosovo.Le colonel me dit que en cas d accident ce sera plus difficile de me récupérer.En me quittant il m invite le lendemain lundi midi à passer à l ambassade pour déjeuner dans le quartier.
Après son départ je poursuis la conversation avec Zalo qui me dit que la vie est devenue beaucoup plus difficile après la rupture avec la Chine en 1978 dont la fin de l’aide fit cruellement défaut.
Se plaindre du manque de marchandises sur le marché pouvait entrainer 5 ans de prison.
Ecouter la radio italienne,5 ans aussi
Etudiant en 90 ,Zalo a participé aux émeutes qui ont renversé le régime communiste.
Actuellement il y a 40% de la population qui vit dans la pauvreté.
La population est très jeune et la diaspora est très importante.
En rentrant à l’hotel à pied je passe devant l’opéra à l architecture de béton sans charme et je regarde le programme à l’affiche.

Un spectacle Albanais est donné en ce moment.Par la porte ouverte j’entre et j’entends de la musique au loin.
Empruntant le tapis rouge j’atteins la salle où déroule le spectacle ;il s’agit d’un opéra Albanais donné en costumes traditionnels.
Hommes en braies noires,gilets blancs ,toques rouges.Je peux assister aux 10 dernières minutes pour mon plus grand plaisir.
En suivant je vais diner dans un restaurant près de la place Skanderberg et je vais déguster un délicieux poulet fermier.Je resterai une journée de plus à Tirana

26 mai 2007

Vlora Tirana en bus

Samedi 26 mai 2007

                            Vlora-Tirana en bus

 


6h du matin ,la clarté envellope le Tragetto qui ronronne dans la fin de nuit et les côtes d Albanie se dessinent .
8h de traversée pour 80kms !!!
Vlora se précise avec ses immeubles sans charme. .
Les camionneurs s'affairent autour des poids lourds qui ont été solidement enchainés au bateau.Les policiers du bord me rendent mon passeport qu'ils avaint conservé la veille et je suis le premier à quitter le ferry.
Par un long passage encadré de grilles je rejoins la douane et le poste de police où j acquitte le droit d entrée de 10 euros
Il a plu dans la nuit et à 7h la chaleur est beaucoup plus sèche qu'en Italie.
Je demande la direction de la gare à une policière ;elle me dit que le train n'est pas bien en Albanie et qu'il vaut mieux prendre le pullman dont l'arrèt se situe en face de la mosquée.Le douanier avec un sourire amusé à la vue de mon vélo me demande le but de mon voyage.-« Hollidays » Evidemment.Sans plus de contrôle il me fait signe de passer.
Me voilà sur la terre Albanaise fermée aux étrangers de 1945 à 1991 hormis quelques centaines de touristes scandinaves cantonnés sur des plages de la Riviéra et les sympathisants du régime.
Sortie de la dictature communiste en 91 ,2 ans après la chute du mur de Berlin ce petit pays est devenu incontrôlable à plusieurs reprises et à réussi à mettre en place une structure d état démocratique avec l aide de l Europe .A Vlora les émeutes furent particulièrement violentes et un réseau de passeurs s est enrichi en transbordant en masse les émigrants clandestins vers la proche Italie
En France les médias se plaisent à présenter les Albanais comme des mafieux et des brigands ;pourtant les récits de voyage font état de leur sens de l hospitalité et de leur coté chaleureux .On va voir.
Sur le vaste parking entouré d entrepôts une ,assistance nombreuse à l arrivée du bateau.
Vétu d un marcel orange chapeau de cow boy et lunettes de soleil un trentenaire me hèle : « English,Deutsch ? » et me fait signe de le suivre.Je lui fais comprendre que je n ai besoin de rien.Dépité il retourne surveiller les arrivées en quète d un éventuel pigeon .
Premier coup de pédale sur une large avenue bordée de palmiers .Nous sommes samedi et je n ai pas de devises .Les distributeurs se succèdent et je choisis un Bancomat allemand avec une certaine appréhension .Vais je comprendre les indications ?si ma carte ne ressort pas que vais je faire ?Ouf le choix de la langue anglaise m est proposé et je repars avec une imposante liasse de LEKS.
Rassuré je m installe à une terrasse pour le premier café en Albanie et je savoure le temps qui semble s ètre arrêté.Cet après midi je serai à Tirana.
A l'arrèt de bus l'un d'eux affiche Tirane.
« Dove viene » me demande un homme tandis que l assistant du chauffeur charge mon vélo dans la soute à bagages.
-De Francia
–A bicyclette ?
-Si .Il palpe mes mollets médusé..
A ma demande du prix le chauffeur me répond 4000.Pas encore familiarisé avec les leks je trouve pourtant cela énorme.En réalité je vais payer 400 leks soit 3 euros pour 100kms .Certains Albanais parlent encore en anciens leks .
Le bus démarre enfin mais fait de nombreux arrèts en ville .L assistant du chauffeur annonce les arrèts à voix haute .Il circule dans le bus une liasse de billets à la main et rend la monnaie plus tard quand il a asez encaissé.Il a un strapontin escamotable à coté du chauffeur et doit se lever pour laisser passer les voyageurs qui descendent.
La large avenue se transforme en une étroite route cabossée avec des nids de poules où la circulation est intense.

Certaines bouches d égouts n ont plus leur couvercle de fonte.
Le chauffeur avec un sourire imperturbable entame des dépassements impropbables à l entrée des virages mais aucun incident à signaler.
Entre Fier et Durrës l autoroute est en pointillés .
Des petits chevaux ,des ânes attellés à des cariolles à grelots trottinent sur l autoroute bordée de nombreux étalages de fruits et légumes de saison tenus parfois par des enfants.
Dans la chaleur du bus le sommeil m'emporte dans un bien ètre complet.A l écart du stress je suis bien dans l instant présent.
Comment vivaient les Albanais sous le régime Enver Hoxha ?
Regrettent ils l égalité qui régnait,la gratuité des services sociaux ?
Bref la sécurité dans l absence de liberté ;voilà à quoi je pense entre deux épisodes de somnolence.
A mi parcours ,un sexagénaire portant un cageot monte dans le bus ;il propose croissants et boissons fraiches et descend à l arrèt suivant.
Une forèt d immeubles parfois inachevés annonce Tirana et à la fin de la banlieue la route fait place à une large avenue que Mussolini avait fait réaliser quand l Italie occupait l Albanie.
Grande comme 3 départements français celle ci a connu de nombreuses invasions.Les Ottomans ,les Grecs et même les Français au 13ème siècle par le Duc d Anjou pour un demi siècle .
Le bus en cahottant parmi les trous et les flaques se gare sur un parking terreux .
A l ombre assis sur leurs talons une trentaine d’hommes désoeuvrés regardent l étranger récupérer son étrange vélo dans la soute et installer ses sacoches .En Italien l un d eux me demande d où je viens.Ma réponse déclenche une rumeur dans l assemblée .
Accompagné par quelques dizaines de regards je m insère dans la circulation.
En grande majorité les voitures sont des Mercedes ,des rutilantes ,des vieilles de 30 ans .
A l approche du centre les klaxons retentissent ,le but étant de l utiliser plutôt que de traduire un agacement .Des conducteurs s arrètent brutalement sur la voie de droite et quittent leur voiture bloquant la circulation .Klaxons,mais personne ne s invective.
Ma priorité étant de téléphoner à Zalo mon contact albanais et je pénètre dans une des nombreuses échoppes qui vendent des téléphones mais le vendeur ne comprend pas que je veux acheter une carte téléphonique pour les cabines ou n en a pas.
Je reconnais la place Skanderberg équivalente du rond point de l étoile à Paris pour la circulation.
J aurais aimé loger à l auberge de jeunesse mais il me faudrait attendre 17h et il est 13h.
Je cherche donc l hotel Alpina ,indiqué dans le Petit Futé et qui est situé à l est de la place ,dans la Rruga Sirikodra . Avec le plan de la ville je devrais trouver mais il n y a rarement de plaques à l entrée des rues ou bien elles sont fixées 10m plus loin ,et sont peu lisibles car le temps est passé par là.
Les rues sont trouées ,bosselées parfois terreuses .La densité humaine est surprenante .A pied je pousse le vélo dans des ruelles du bazar où ,à même le sol sont installés des étalages d articles d occasion de toutes sortes : chaussures,quincaillerie,téléphone portable.
A un septuagénaire je demande la direction de la Rruga Sirikodra ;Enervé il ne comprend pas et me demande ce que je lui veux .J essaie l Italien,il le comprend et m explique vaguement la direction.Je me fais confirmer par un policier très souriant dont je ne comprends pas les explications mais qui me montre sur mon plan .
Pendant un long moment j'erre dans le quartier du marché .J ai faim depuis longtemps et j aimerais me poser au plus vite.J essaie l anglais avec un étudiant qui m explique puis m’accompagne dans la Rruga Sirikodra que je reconnais pour m y ètre engagé plusieurs fois .
Enfin l hotel Alpina est là .


La chaleur est accablante et un homme est occupé à arroser le trottoir terreux .C est le propriétaire de l'hotel ,il ne parle pas Italien mais appelle une jeune femme qui le pratique .Prix de la chambre 30 euros et mon vélo pourra ètre rangé à l entresol ;on me fait signe de l'attacher!!.
L employée m aide à monter mes bagages au 4 ème .
La douche arrose toute la salle de bain mais l hotel met à disposition des spartiates pour se déplacer sur le sol détrempé.Celà surprend mais je constaterai que c' est ainsi dans les autres hotels en Albanie.
Je suis anéanti par la chaleur orageuse (au moins 30°) .Les bruits incessants de la ville parviennent à ma chambre .Tutut des Mercedes ,sifflets des agents de la circulation.
J ai besoin de me poser et d intégrer toutes ces nouveautés .
Dans la rue j ai acheté des byreks ,sorte de feuilleté au fromage .
Les échoppes sont nombreuses et restent ouvertes tard le soir.

Avant 1991 impossible pour un étranger de se promener sur la place Skandergerg






Il y a très peu de touristes étrangers en Albanie .Le portable semble avoir supplanté le fixe .
Dans la soirée Zalo passe en voiture et me fait visiter la ville,les immeubles où se tenaient les ministères sous Enver Hoxha,les immeubles que le maire Eddi Rama, artiste peintre a fait peindre pour en atténuer la désolation.

A son arrivée il a fait détruire les baraquements qui bordaient la rivière et les a fait
remplacer par des espaces verts ,ce qui lui a valu 2 tentatives d assasinatNous nous rendons ensuite à la cité universitaire où Zalo doit voir sa sœur qui est étudiante .Il est accompagné de son jeune fils et de son père un agriculteur des hauts plateaux du sud .


Nous nous fixons rendez vous le lendemain dimanche à 19h pour parler de l Albanie.




25 mai 2007

Au pays de fils de l'aigle :l'Albanie

Vendredi 25 mai 2007
Le 1 er mai j'ai quitté Menton et j'ai suivi le golfe de Gènes, depuis je descends la botte et me voici arrivé sur son talon à Brindisi.
L'Albanie est derrière l'horizon 80 kms à l'est.
A 22h30 la nuit tombant,je suis sur le quai du port à Brindisi.
Le ferry (Tragetto in Italiano) gueule béante attend les véhicules.
Un énorme camion Albanais de 5 essieus commence à y pénétrer en marche arrière .
Accompagné par les hurlements désespérés d'un homme d'équipage Albanais le chauffeur imperturbable recule les yeux rivés au rétroviseur.
Premier contact avec la langue Albanaise .Celà me fait penser à du Russe et ils parlent fort.Tous les passagers sont Albanais et en cette fin de semaine il s'agit probablement de la diaspora vivant en Italie.
Au contrôle sur le bateau un policier Albanais se fait engueuler par une Albanaise de 50 ans.Autre pays ,autres coutûmes.
Les couches de peinture peinent à cacher la rouille et je ne serai pas surpris que le ferry passe par le fond de l Adriatique un de ces jours mais de préférence pas cette nuit.
Demain je serai sur la terre Albanaise.