31 mai 2007

Vers les Alpes Albanaises

JEUDI 31 MAI
KOMANI VALBONNA
50kms 5h00

A 9h00 le barman au visage ingrat et triste vient nous demander de le régler et nous informe que le « tragetto » est arrivé .

Tandis que nous rangeons il reste planté au milieu de la chambre à observer nos affaires .Je me dis qu’un de ses copains pourrait nous attendre sur la route un peu plus loin et j’apprécie d’ètre accompagné.
La traversée coute 700 leks pour 2 heures de traversée soit 5,60euros .



Je suis soulagé de quitter cet embarcadère du bout du monde.


Le soleil donne fort et le ferry s’insinue dans cette sorte de fjord.

 Les passagers sont essentiellement issus de la diaspora Albanaise.


Maintenant les parois sont hautes et la gorge se rétrécit.


Sur une berge en pente douce on peut voir des habitations et des champs cultivés mais ni route ni chemin.



Dans un environnement moins abrupt,l’arrivée s’annonce mais il n’y a pas de débarcadère ;seulement un talus aménagé et c’est par là que passeront voitures ,car et camions.


Le haut d'un bus soudé sur un bateau et cela devient ....un ferry Albanais


                                                    Les Tchèques à l'abordage



                                          Welcome to Troppoja’indique un panneau.



                                                     Sur la piste de Troppoja
A Fierze qui veut dire fraise en Albanais ,il n’y a pas de place de village.Les maisons éparses sont constuites sans ordre précis.


La pharmacienne à la mine sévère attend les clients sur le seuil de son officine.
Slavo photographie des collègiens accourus à notre rencontre.Des hommes jeunes et blonds nous observent à la dérobée l'air sombre.Nous achetons des byreks,du pain ,de l’eau et prenons l’unique route qui mène vers Bajram-Curry
Bientôt nos chemins vont se séparer et je suis triste de quitter mes compagnons d’un jour qui se dirigent vers la proche frontière du Kosovo.Mais nous nous promettons de nous revoir et..nous allons nous revoir.
Nous nous arrètons prendre un dernier verre dans un café isolé .Parlant de Valbonna le patron nous dit :
« No problem,segurri,(pas de probème de sécurité)Sali Berisha(c’est le premier ministre)a fait ce qu’il fallait.Il est d’ailleurs originaire de Bajram Curry.(prononcer bailleramchouri)
Cette ville est déprimante et rappelle St Denis du 93 ou le Mirail à Toulouse et je n’ai pas envie d’y dormir bien que le petit futé indique un hotel d’état.
Elle a été essentiellement construite sous le régime communiste.Les hautes montagnes sont toutes proches ;l'hiver il y fait froid et on entend hurler les loups.
C'est ici qu'il y a eu le plus de morts d'Albanie pendant les émeutes de 97.Les Tchèques m'ont dit que deux de leurs compatriotes ont disparu dans cette région.
Quand elle se déplace ici l'ambassade de France se fait accompagner par une garde rapprochée et son site indique que c'est une zone de non droit.
Je m’arrète dans la rue principale pour acheter du ravito pour 2 jours .Aux regards que porte sur moi une assistance nombreuse d’hommes désoeuvrés je peux voir que les cyclotouristes s'aventurent rarement jusqu'ici.


Je ne m’éternise pas et me dis que peut ètre un peu plus loin quelqu’un m’attendra au détour d’un virage.La rue se transforme en un mauvais chemin de pierre avec des ornières profondes.

                                                               La Valbonna

Après un détour par un village le chemin s’engage définitivement dans la gorge sur 25kms.Il est 17h30 et le ciel s’est assombrit.Plus âme qui vive,seulement le bruit du torrent opale qui coule en contrebas.La pente est en moyenne à 9 et 10%.




J’entends longtemps à l’avance arriver les 4x4 ou les Mercedes qui me klaxonnent en passant et on se salue.
Je traverse quelques hameaux où de jeunes enfants accourent à mon avance sous le regard d’adultes qui répondent en souriant à mon salut »mirdrita ».J’ai l’impression d’ètre la caravane du tour de France à moi tout seul.Pourtant ces enfants ne réclament rien .J’ai emporté des stylos et des ballons pour offrir ;j’attends une situation plus appropriée pensant qu’il n’est pas souhaitable de susciter le dévellopement de la mendicité telle qu’on la connaît au Maroc.J’ai été surpris un peu plus tôt quand l’un des 2 enfants venus à mon avance a sorti un téléphone portable pour me prendre en photo.En retour je les ai photographiés aussi .L'Albanie est bien un pays de contraste.
 A 19h30 alors que je pense n’ètre plus très loin du village de Valbonna la pluie glaciale arrive.Je suis à près de 1000m d’altitude et des versants enneigés apparaissent .



Près du torrent il y a une ligne électrique dont les poteaux on été sectionnés .Sabotage sans doute.
Dans cette haute vallée vivent certains descendants d’une ethnie venue d’Europe de l’est lors des invasions.Je me demande à quoi ils vont ressembler.



Le chemin est devenu un véritable lac où je dois louvoyer.La nuit commence à tomber quand les premières maisons apparaissent plantées au milieu d’un plateau au fin gazon.
Certaines sont éventrées dirait-on par un tir d’artillerie et me font penser que Valbonna a du vivre des moments dramatiques.J’ai froid , je suis trempé et j’ai du mettre le pied à terre dans une profonde flaque d’eau .Voici la fin des habitations et je comprends que le village est en habitat dispersé ,je ne risquais pas de trouver le bourg.


Revenu en arrière je m’adresse à un jeune Albanais qui a une queue de cheval .
J’essaie le mot chambre, en Albanais ,il ne comprend pas ,puis en italien ;il réfléchit et me demande :dormiré ?
-Si !
-Viene!.
Il m'accompagne à la maison voisine , me présente à ses occupants et après s’ètre déchaussé me conduit à l’étage .Il y a une chambre au sol recouvert d’un tapis avec un lit et un poèle.Il n’y a pas de lumière électrique et mon hote allume des bougies.De retour en bas je demande le prix :700 leks soit 5 euros.Je découvre que les habitants ont allumé un feu dans le cabanon en bois attenant pour le voyageur mouillé que je suis. Il y a une cheminée et des banquettes et une cuisinière en fonte ,c’est apparemment la pièce à vivre.



En italien je demande s’il est possible de manger.-Oui que veux tu manger ?Une soupe ?Oui c’est possible .
La jeune fille s’affaire au fourneau .On me fait asseoir sur un tabouret qui sert à traire les vaches.Et je suis le plus heureux des hommes quand réchauffé, on m’apporte ma troisième assiette de soupe .J'aurai ensuite une salade de tomates accompagnée de fèta locale.
Assis sur les banquettes au coin du feu mes hotes me regardent manger



Dans le regard malicieux de l’aieule je sens l’envie de questionner cet étrange étranger.
Le jeune Albanais fait office de traducteur.
Dove viene ?
–De Francia
-A biciclette ?
-Si."
 Stupéfaction,incrédulité,serait-ce un mythomane ?ou plus simplement un fou?
J’explique que je suis parti de Nizza(Nice) à vélo , que je viens à Valbonna pour la montagne et je demande combien de temps on met pour aller au village de Thèt par le col de Valbonna et revenir-
-10heures.
Il n’existe pas de cartes ni de topos guides et je demande si quelqu’un peut m’accompagner –Oui, lui me répond mon interprète me désignant un grand gaillard de 30 ans,à quelle heure veux tu partir ?-Demain à 6heures.
Je me sens en confiance dans cette famille et comblé par cette fin de journée je m’endors aussitôt dans mon duvet.
















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